Deuxième porte à droite, pallier du second...

[===> la Cuisine des Weasley]

Ginny quitta la cuisine, et monta les escaliers quatre à quatre, comme elle en avait l'habitude.

Sa chambre était la plus petite de la maison, mais en tant que première fille à naître dans le clan Weasley depuis des générations, elle était aussi l'une des plus confortables.

La chambre était longue et étroite. Le lit, dont la largeur faisait la moitié de celle de la pièce, était somme toute assez neuf comparé aux autres de la maison ; le reste du mobilier de la chambre était assez restreint : des étagères un peu partout, où la jeune fille entassait linge, livres, jouets, bibelots en tous genres, donnait à la pièce une impression de désordre organisé plutôt agréable. Un minuscule bureau invisible sous un tas de parchemins faisait face à l'unique et petite fenêtre de la pièce, qui donnait elle-même sur le jardin fleuri et gnomés de la maison.

Ginny alla piocher dans ses affaires un jean et un chemisier déroula un paravent magique qui ne laissa voir que sa tête et sourit à Hermione.

"Tu as l'habitude, maintenant... Installe-toi, fais comme chez toi!"

Luna était restée à l'entrée de la pièce et promenait ses immenses billes bleues sur les photos et posters affichés sur le papier peint jaune ; Bizarr' Sisters, Holyhead Harpies (son équipe de Quidditch préférée), camarades de classe et photos de famille... La vie de la rouquine s'étalait sur ses murs.

Hermione entra dans la chambre de Ginny à la suite de celle-ci et constata qu’elle n’avait nullement changé depuis la dernière fois qu’elle y était allée, c'est-à-dire, deux ans auparavent. Toujours aussi désordonnée, toujours aussi chaleureuse, les meubles toujours placés de la même façon.
En fait, la chambre de Ginny représentait assez bien tout le Terrier : l’espace, déjà réduit était occupé par un grand nombre de meubles et d’objets qui, tout en étant rangés, formaient un certain désordre. Canapés, lits, murs et rideaux étaient de couleurs chaudes ce qui donnait un aspect accueillant que Hermione appréciait beaucoup et qui évoquaient parfaitement bien le caractère des occupants de la maison. Gentils, généreux et chaleureux.

Tandis que Ginny s’habillait derrière son paravent, Hermione s’installa sur le lit de la rouquine sur invitation de cette dernière, sur ce fameux lit où, pendant les chaudes nuits d’été où les jeunes filles ne trouvaient pas le sommeil, elles s’installaient en tailleurs face à face et partaient dans des confidences et discussions diverses pour terminer avec une bataille d’oreiller qui durait jusqu’à ce que les deux jeunes filles tombent de fatigue. Un temps insouciant qui lui semblait révolu désormais… Voldemort était de retour, Sirius était mort, le monde était en dangers… Hermione se demandait si la peur et l’inquiétude qui la possédaient désormais allaient être permanentes…

« Ron ne s’est toujours pas remis de ses blessures ? » Demanda-t-elle sur un ton qui se voulait indifférent mais qui trahissait une certaine inquiétude.

Pourquoi ne pouvait-elle pas cesser d’amener constamment la conversation sur LUI ? C’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait s’empêcher de se soucier de son état et voir qu’il continuer à boire une infecte potion pour se soigner l’inquiétait et elle se disait que ses blessures étaient peut-être plus importante qu’elle ne le croyait…
Et puis, son attitude neutre et indifférente… Parler de lui pouvait peut être conduire indirectement à ce sujet et ainsi, Hermione pouvait obtenir l’approbation de Ginny sur le fait que Ron manquait terriblement de tact et que son attitude était exécrable… Son amie la soutiendrait, elle pourrait pester autant qu’elle le voudrait sur le rouquin et se dirait qu’il était peut-être le moment d’avouer à sa meilleure amie qu’elle était amoureuse de son frère mais y renoncerait au dernier moment… Ce petit manège se déroulait à chaque conversation avec Ginny presque, Hermione se demandait d’ailleurs si celle-ci n’avait pas des soupçons sur les sentiments qu’elle portait envers Ron…

"...n'ai marre de ces chemisiers trop petits..."

Ginny se changea rapidement et alla terminer sa toilette devant son minuscule miroir où elle alla se coiffer.

"Tu n'es pas obligée de rester debout, Luna, je t'en prie, assieds-toi aussi!"

A la question d'Hermione, elle ne put s'empêcher de pousser un léger soupir exaspéré mais amusé tout de même. Effectivement, pourquoi devait-elle toujours commencer une conversation en parlant de LUI? Il la titillait énormément, le nombre de fois où Hermione avait fondu en larmes ou eu une crise de nerfs à cause de Ron était assez impressionnant... Une amitié digne des plus grandes comédies.

Voire des plus grandes tragédies. Car beaucoup de petits gestes d'apparence insignifiants faisaient douter Ginny sur la nature des sentiments que son amie éprouvait à l'égard de son frère. Mais bizarrement, se dire qu'Hermione était peut-être amoureuse de son frère la réjouissait plus qu'autre chose.

Elle aurait adoré avoir une belle-soeur comme elle. pas comme cette pimbêche de Fleurk...

"Ron? Il estquasiment remis, mais le Médicomage, qui avait l'air incroyablement soucieux, angoissé et tourmenté de la vie, a lourdement insisté pour que Maman lui donne sa Potion une semaine supplémentaire... A chaque fois qu'il voit sa tête dans un miroir avec ce bandage sur la tête il devient grognon et peste sur tout le monde quand il doit boire sa Potion. Il déteste avoir l'air faible..."

Elle attacha ses cheveux en queue de cheval et vint s'asseoir à côté de la brune.

"Et toi, tu n'as plus du tout de séquelles?"demanda-t-elle d'un ton plus doux et inquiet, ressemblant soudain vaguement à Mrs Weasley.